Les Langues Sémitiques
Structure du Groupe Sémitique

Le Grenier Généalogique
Décembre 2002

Les Langues Sémitiques, Caractéristiques, Structure du groupe sémitique, L'Araméen,
Le Sémitique Occidental Méridional, Essai de synthèse, Bibliographie

Les linguistes distinguent d'une part le Sémitique Oriental et d'autre part, le Sémitique Occidental.

LE SEMITIQUE ORIENTAL

Le Sémitique Oriental est appelé aussi "Akkadien" du nom du pays d'Akkad (Gn 10,10) situé au nord de la Chaldée. C'est la langue sémitique qui a supplanté le Sumérien, langue non-sémitique. Le sumérien est une langue asianique de type "agglutinant". Au lieu d'exprimer les rapports grammaticaux par des déclinaisons ou flexions, ces langues le font en agglutinant des éléments au radical, avant, après ou à l'intérieur de ce dernier.

Cette langue se différencia en deux, "Babylonien" au sud et "Assyrien" au nord.

L'Ancien Babylonien dont les plus anciens témoignages littéraires remontent à l'époque du roi Sargon l'Ancien (vers -2600 avant JC) est également la langue de rédaction du célèbre code d'Hammourabi (vers -1750 avant JC) dont l'oeuvre législatrice a pu être comparée sur certains points à la législation biblique. C'est enfin la langue de rédaction des lettres échangées par les Pharaons Aménophis III et Aménophis IV (le célèbre Akhénaton) avec leurs vassaux cananéens et syriens, lettres découvertes sur le site égyptien de "Tell el-Amarna" (site de la ville d'Akhénaton).

Ce sont deux langues sémitiques non alphabétiques. Les laryngales, si caractéristiques des langues sémitiques, y sont très atténuées (influences sumériennes ?) favorisant la multiplication des racines dites "faibles" (voir ci-dessous). Les Akkadiens ont enfin introduit dans leur langue beaucoup de mots sumériens dont certains "migreront" jusque dans l'Hébreu biblique. (voir ci-dessous).

LE SEMITIQUE OCCIDENTAL

Le Sémitique Occidental s'oppose à l'Akkadien par des différences morphologiques dont la principale est l'existence dans son système verbal d'une forme à préfixe exprimant l'"inaccompli" (futur) et d'une forme à suffixe exprimant l"accompli" (passé) alors que le sémitique oriental utilise deux formes à préfixe pour traduire l'accompli et l'inaccompli. C'est au sein du sémitique occidental qu'apparaît au cours du premier millénaire l'article défini et que naîtra l'alphabet (vers le IIème millénaire).

Le Sémitique Occidental se divise lui-même en deux grands groupes : celui du Nord et celui du Sud.

Le Sémitique Occidental Septentrional

Le Sémitique Occidental Septentrional fait usage d'un pluriel à suffixe alors que le Sémitique Occidental Méridional connaît les pluriels brisés (modification interne du nom lors du passage au pluriel) et les flexions casuelles (conservation de la déclinaison partielle en geez, totale en arabe).

La disparition plus ou moins complète des pluriels brisés ou pluriels internes pourrait s'expliquer, d'après certains auteurs, par une séparation très ancienne des peuples sémites. Les assyro-babyloniens l'ont perdu entièrement. Les cananéens et les araméens en ont encore des vestiges (en hébreu "zekûr", "population mâle", pluriel interne de "zakâr", individu mâle ?). Les langues arabes et éthiopiennes (plus proches du centre linguistique originel ?) l'ont conservé, les premières d'ailleurs mieux que les secondes...

Le Sémitique Occidental Septentrional comprend d'une part le Cananéen, langue parlée en terre de Canaan (Syrie et Palestine) et en Phénicie. C'est la langue de rédaction des gloses des lettres découvertes à Tell el-Amarna écrites en akkadien.

L'Hébreu, le Moabite (langue de rédaction de la "Stèle de Mesa", stèle du roi Mésa de Moab, VIIIème siècle avant Jésus Christ, racontant ses démêlés avec le roi d'Israël), le Phénicien (qui perdurera dans sa forme carthaginoise, le Punique) langue des villes marchandes de Tyr, Sidon et Byblos, l'Ugarit sont des variétés dialectales du Cananéen. Les textes phéniciens et puniques connus ne possèdent pas de vocalisation.

Des fouilles menées en 1929 au "Ras Shamra", le "Cap du Fenouil" ("shamrâ" : fenouil sauvage), au nord de la Syrie, mirent à jour les restes d'une antique capitale prospère du XVème siècle avant notre ère très vite identifiée à la ville "Ugarit". Cette découverte entraîna celle de la langue ugaritique. Celle-ci était écrite en caractères cunéiforme (du latin "cuneus", "coin") écriture empruntée par les sémites aux sumériens. Elle présentait toutefois un nombre limité de signes, (une trentaine). Les mots étaient séparés par un petit trait vertical et étaient très courts (2 ou 3 signes en moyenne, parfois 4, rarement plus). Les efforts conjugués de Charles Virolleaud, de Hans Bauer et de Edouard Dhorme permirent d'identifier dans ces signes une langue alphabétique ouest-sémitique : l'Ugarit. L'Ugarit comporte 30 signes dont trois "aleph", chaque aleph étant vocalisé par une des trois voyelles primitives du sémitique : "a", "i" ou "u". Elle connaît deux pronoms personnels indépendants pour le 1ère personne du singulier: "'ank" et "'an" et le duel. ("Textes Ougaritiques", tome I, p. x-y).

L'Hébreu fut d'une grande aide pour comprendre l'Ugarit, langue sémitique certes, mais écrite en cunéiforme. L'Ugarit permit par contre d'expliciter certains mots hébreux restés obscurs. Les ressemblances entre les poèmes ugaritiques et certains textes bibliques font envisager, à certains chercheurs, l'existence d'un "leg de Canaan", fond commun aux deux traditions.

Le Sémitique Occidental Septentrional comprend aussi l'Amorrhite (de l'akkadien "amurru" : "occident") et l'Araméen.

> L'Araméen