A la découverte des langues indo-européennes
Les 18 et 19ème siècles - 2



Le Grenier Généalogique
Décembre 2002

Le grand nom de la linguistique de ce siècle  reste August Schleicher (1821-1868). Avec lui, commence la grande aventure de la reconstitution de la forme indo-européenne originelle des mots par l'étude systématique des mutations et les constructions rétro-actives à partir des différents mots connus dans les langues actuelles.

Schleicher alla même jusqu'à écrire un conte populaire en indo-européen qu'il intitula "Avis akvasas ka", autrement dit en français "Le mouton et les chevaux".

Cette tentative de reconstruire une "stammsprache" ou langue "source" (Franz Bopp, 1816) fut toutefois vivement contestée par certains linguistes qui lui reconnaissaient, certe, une légitimité théorique mais aucune réalité historique...

Passionné de biologie, Schleicher fut également l'inventeur du modèle de l'arbre généalogique décrivant la grande famille indo-européenne. Il partit pour cela de ce que nous appelons aujourd'hui le proto-indo-européen, subdivisa l'aire géographique de cette langue en plusieurs régions distinctes porteuses, elles, des "fondamentaux" (celtique, germanique, slave...), idiomes dérivants de la langue originelle puis scinda ces "fondamentaux" en parlers distincts pour arriver en "fin d'arbre" aux langues telles que le français, l'italien, l'espagnol...

Ce modèle présente quelques défauts. Tout d'abord, il ne rendait pas compte des influences possibles des autres langues non indo-européennes sur chaque branche ni des relations transversales qui existaient entre toutes les "langues finales" de l'arbre. 

La plus fameuse est la célèbre distinction entre langues "centum" et "satem" qui existe au sein de toutes les branches, certaines langues telles que le latin, le vieil irlandais, le grec possédant un "k" au début de leur mot désignant le nombre "cent" alors que d'autres telles que le sanscrit, l'iranien, le lituanien mettent une sifflante au début du mot...

Qui plus est, à chaque fois qu'un linguiste essayait de rectifier l'arbre afin d'intégrer de façon cohérente une de ces relation transversale, une autre similitude linguistique contredisait ce réajustement.

Johannes Schmidt (1843-1901) proposa de compléter le modèle arborescent pour un modèle "en vagues" analogue à celui fait par une pierre tombant dans l'eau. Une innovation linguistique (la pierre) se propage alors d'un centre vers l'extérieur, influençant les périphéries de la zone de son apparition sans pour autant ("perdant de l'énergie") influencer totalement les langues voisines. Ce modèle toutefois est un modèle synchronique mais qui n'offre aucune perspective historique. Deux groupes de langue peuvent se ressembler suite à des emprunts consécutifs pouvant être séparés de plusieurs millénaires. Ce nouveau modèle ne pouvait préciser cet aspect temporel...

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