En 1832, la population parisienne, qui compte un peu moins de 800
000 âmes (Paris est la plus grosse ville de France, aucune autre ne
dépassant à l'époque les 200 000 habitants)
boit :
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soit de l'eau de rivière,
prise dans la Seine ou venant du canal de l'Ourcq,
-
soit de l'eau tirée d'un grand
nombre de puits superficiels qui existent dans la Capitale
depuis plusieurs siècles (25 000 à 30 000 en 1830)
-
soit de l'eau de source
descendant depuis le Moyen Age (et même avant) du plateau de Belleville...
Des porteurs d'eau vendaient également de l'eau dans les rues mais
elle était en général puisée dans la Seine puis décantée
sommairement malgré une législation relativement stricte.
L'eau des puits
Contrairement aux futurs puits artésiens qui iront chercher l'eau
à plus de 500 mètres de profondeur, les puits parisiens étaient
des puits superficiels.
Rive droite, l'eau affleurait à 4 ou 5
mètres. Rive gauche, il fallait aller un peu plus profond, entre 5
et 10 mètres.
Quoiqu'il en soit, les eaux issues de ces puits
étaient un mélange d'eaux d'infiltration venant de la Seine,
d'eaux usées ayant "nettoyé" les pavés parisiens et d'eaux émanant
des fosses d'aisance et des cimetières !!!
Il faut savoir que
jusqu'à la fin
du 19e siècle, on enterrait les morts du cimetière du Père Lachaise
(situé en 1832 hors les murs de Paris), dans un mélange de marnes
et... d'eau !
Le Canal de l'Ourcq
Au début du siècle,
Bonaparte, Premier Consul voulant "faire quelque chose pour les
Parisiens", décida de leur offrir de l'eau et lança un projet de détournement de l'eau d'une rivière
de l'Est de Paris, l'Ourcq, un affluent de la Marne. Cette idée de
canal desservant Paris n'est pas neuve ; elle
avait déjà été envisagée par Colbert au XVIIe siècle.
L'eau de cette
petite rivière est donc acheminée sur 107 kilomètres via le
canal de l'Ourcq (qui récupère l'eau à Mareuil-sur-Ourcq dans
l'Oise) dans le
bassin de la Villette. Ce bassin avait été creusé en même
temps que le Canal et inauguré, en "grande pompe" le 2 décembre
1808. Puis Napoléon fait prolonger ce bassin par le canal Saint
Martin dont la construction ne sera terminée qu'en 1824 sous
le règne de Charles X. En 1830, environ 24 000 m3 d'eau supplémentaires sont distribués
chaque jour aux Parisiens.
Le Canal de
l'Ourcq, dessin de Nash (site de
Gallica - BNF)
Toutefois, il faut
noter que le Bassin de la Villette n'est pas seulement un
réservoir d'eau à l'air libre (800 mètres de longueur sur 80
mètres de large), c'est également un port fluvial qui conclut une
voie navigable équipée de 15 écluses ! La qualité de
son eau devait donc laisser à désirer.
Quoiqu'il en soit, ce bassin alimentait d'une
part, le réservoir de Monceau (par l'aqueduc de ceinture)
qui lui-même desservait une grande partie des bornes fontaines sur
la Rive Droite et
d'autre part, le réservoir Saint Victor (réservoir situé
près des Arènes sur la Rive Gauche) par une galerie qui
passait sous le Faubourg Saint Antoine puis traversait la Seine
sous le Pont d'Austerlitz.
La distribution
était donc assurée par des fontaines publiques, le surplus d'eau
pouvant être utilisé pour nettoyer les rues et surtout les égouts.
Le Décret
de Saint Cloud, 2 mai 1806
Ce Décret
avait pour but de donner encore plus d'eau aux
Parisiens. 15 nouvelles fontaines furent ainsi
construites. Seules 4 sont encore visibles de nos jours,
2 à leur emplacement d'origine : les Fontaines de
Mars et du Fellah (7e), 2 légèrement
déplacées , la Fontaine Léda rue de Sèvres et
celle de la Paix. On peut semble-t-il apercevoir
le bas-relief d'une cinquième fontaine, celle de la
Charité sur un mur de la rue de Sévigné (3e/4e). |
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La Seine
Il faut noter qu'un
tantinet "conservateur" le peuple de Paris se méfiait de l'eau de
l'Ourcq pourtant gratuite. Il continuait à lui préférer l'eau de
Seine, payante. Et pourtant, on dénombrait une soixantaine
d'égouts s'y déversant durant sa traversée de Paris... Depuis
longtemps effet, la Seine et ses affluents tels que la Bièvre
jouaient le rôle d'un gigantesque collecteur...
Au
18e siècle, deux frères, les frères Perier,
avaient obtenu l'autorisation de créer le premier service de
distribution d'eau moderne. Ils installèrent des pompes à vapeur
dites "pompes à feu" pour élever l'eau de la Seine vers des
réservoirs. En 1788, naissait la Compagnie des Eaux de Chaillot
du nom de la première pompe installée de ce type. Le problème
majeur était que cette première pompe, baptisée du charmant nom d'Augustine,
pompait son eau en aval du grand égout qui récupérait toutes les
eaux usées de la Rive Droite. Sa "petite soeur", Constantine,
installée sur l'autre rive (au Gros Caillou) n'était pas mieux
lotie...
Si ces projets avaient été défendus par Beaumarchais,
administrateur de la Compagnie, ils n'étaient pas du "goût" de
Mirabeau pour qui "c'était verser son pot de chambre dans sa
carafe".
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