LE GRENIER GENEALOGIQUE

   

  

 



Le Choléra - Introduction



Le Grenier Généalogique
Juin 2017

INTRODUCTION
 
 


 

" Un sursis permanent " : c'est ainsi que qualifient les épidémies les auteurs d'un livre très complet consacré à leur sujet ("Les Epidémies, un sursis permanant", Alfred et Hélène Werner et Nicolas Goetschel, Atlande, 1999). La crainte du retour en ce début du XXIème siècle, exprimée dans tous les médias, des grandes épidémies de grippe du siècle passé confirme, si besoin était, la justesse de ce sous-titre.

La Peste fut longtemps la première ambassadrice de la grande faucheuse mais c'est le Choléra, " pathologie à progression brutale " ("Les Epidémies...", page 22) qui terrorisa le XIXème siècle européen.  Quelques premiers chiffres pour illustrer ce propos : l'épidémie de 1832 fit 100 000 morts en France dont 20 000 environ à Paris sur une population urbaine de 650 000 habitants.  ("Les Epidémies...", page 38).

Cette peur fut d'autant plus forte que depuis la fin du XVIIIème siècle régnait une sorte d'optimisme latent. En effet, la peste ne faisait plus parler d'elle depuis la dernière crise de 1720-1722. Les épidémies de dysenterie et de typhus se faisaient plus rares. La vaccination contre la variole annonçait des jours meilleurs. Enfin, la mortalité était réellement en baisse ("Les épidémies terrassées, une histoire des pays riches", Patrice Bourdelais, Editions de La Martinière, 2003, page 79)...

" ' Les grandes mortalités sont devenues plus rares ' croyait pouvoir écrire en 1823 le statisticien qui au deuxième tome des ' Recherches statistiques sur la ville de Paris et le département de la Seine ' comparait la mortalité des époques anciennes à celle du XIXe siècle et voyait dans cette disparition des mortalités exceptionnelles la principale différence "  ("Le Choléra, La Première Epidémie du XIXe siècle", Etude Collective présentée par Louis Chevalier,  Société d'Histoire de la Révolution de 1848, tome XX, CNRS 1958, page 3).

 Longtemps confinée à l'Inde, essentiellement dans le Bas Bengale, sa présence fut toutefois attestée à Java dès le XVème siècle. Au siècle suivant, il "déborde" sur les pays voisins mais il faut attendre le XIXème siècle pour qu'il contamine les pays occidentaux. Bien sûr, les marchands, les voyageurs, les explorateurs connaissaient déjà cette terrible maladie. Les armées d'Alexandre III le Grand en furent sans doute victimes et par exemple, Vasco de Gama ainsi que Magellan (fin XVème, début XVIème) décrivirent ses symptômes parmi leurs membres d'équipages.

De 1817 à nos jours les spécialistes dénombrent 7 grandes pandémies (épidémie qui s'étend sur un plusieurs continents).

Si entre 1817 et 1824, la maladie sévit essentiellement en Asie (Vallées du Gange et bu Brahmapoutre, Ceylan, Java, Chine) et dans les Iles proches de l'Afrique (Madagascar, Ile Bourbon et Ile de France), en moins de deux ans, par contre, le vibrion, décidemment bien "mobile" passe des bords de la Caspienne à ceux de la Tamise ("Une Peur Bleue, Histoire du Choléra en France, 1832-1854", Patrice Bourdelais, Jean-Yves Raulot, Payot, Paris 1987, page 17). 

 

Le Bacille - 1

Le bacille du Choléra appartient à la famille des Vibrionaceae. Le "Vibrio Cholearae" (du grec "kholé" : "bile") est un bacille incurvé, à flagellation polaire.

Mobile ("il vibre"), il se plaît dans les zones aquatiques présentant un certain niveau de salinité ("Les Infections Microbiennes", Thierry Eberlin, Nathan Université, 2 tomes 1997, page 22). "Vibrio Cholerae 01" fut identifié comme l'agent responsable du choléra épidémique. Une nouvelle souche fut identifiée en 1992...


Les 7 pandémies

Si nous connaissons les agents responsables des 5e, 6e et 7e pandémies, nous ignorons par contre ceux responsables des pandémies antérieures et ceux des épidémies cholériformes qui ont eu lieu au Moyen Age ou la Renaissance ("Des bactéries et des hommes, Histoire des grandes maladies infectieuses et de leur diagnostic", Willy Hanen et Jean Freney, Editions Privat, 2002, page 29)
 

   1ère pandémie 1817 - 1824

Asie, Moyen-Orient, Madagascar

   2ème pandémie 1829 - 1837

Asie, Australie, Proche-Orient, Europe, Amérique du Nord et Latine, Afrique
France : 1832 - 1834

   3ème pandémie, 1ère vague 1840 - 1850

Asie, Moyen-Orient, Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique
France : 1848

   3ème pandémie, 2ème vague 1849 - 1860

Inde, Asie, Moyen-Orient, Russie, Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique
France : 1853

   4ème pandémie 1863 - 1857

Inde, Asie, Moyen-Orient, Russie, Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique
France : Marseille 1865, Normandie 1865, Paris, Caen, Le Havre 1873

   5ème pandémie 1881 - 1896

Inde, Asie, Moyen-Orient, Russie, Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique
France : Paris, Marseille, Toulon 1884-1885 puis 1892-1894

   6ème pandémie 1899 - 1923

Inde, Asie, Moyen-Orient, Russie, Italie du Sud, Europe Centrale, Afrique

   7ème pandémie (1936) 1991
 à nos jours

OO139" identifiée en 1992


Source : "Une Peur Bleue, Histoire du Choléra en France, 1832-1854", Patrice Bourdelais, Jean-Yves Raulot, Payot, Paris 1987, pages 9 à 52
et "Les Epidémies, un sursis permanant", Alfred et Hélène Werner et Nicolas Goetschel, Atlande, 1999, page 66.

 


par Honoré DAUMIER in NEMESIS MEDICALE, Recueil de satires par un phocéen, A.-F.-H. FABRE, Paris 1834-18355
(dans "Le Choléra, La Première Epidémie du XIXe siècle"...)

 

Arrivé en dès 1831 en Grande-Bretagne et en Allemagne, le Choléra menace directement la France. Dès 1830, la Gazette Médicale de Paris écrivait " l'étude du choléra-morbus n'est plus une affaire de pure spéculation... cette effrayante maladie que l'on avait cru confinée pour jamais dans l'Asie, a trouvé le chemin de l'Europe septentrionale et frappe aux portes de l'Europe Occidentale " (cité dans "Une Peur Bleue, Histoire du Choléra en France, 1832-1854", page 59).

Il n'allait pas attendre poliment qu'on lui ouvre la porte ; il déferla au cours l'année 1832 dans pratiquement toute la France.

" De tous les quartiers de Paris, celui qui, pendant la période croissante du choléra, offrit peut-être le spectacle le plus effrayant, fut le quartier de la Cité et dans la Cité le parvis de Notre-Dame était presque chaque jour le théâtre de scènes terribles, la plupart des malades des rues voisines que l'on transportait à l'Hôtel-Dieu affluant sur cette place ... A chaque instant, des civières, des brancards apportaient de nouvelles victimes ... les brancards n'ayant aucune couverture, quelques fois les mouvements convulsifs d'un agonisant écartaient le drap, qui laissait voir une face cadavéreuse " (Eugène Sue, "Le Juif errant" cité dans "Les Epidémies...", page 78).

>>> 1832 - L'arrivée du choléra en Europe

Bibliographie


Le Grenier Généalogique - Juin 2017