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L'Armée du Général Bourbaki |
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Le
Grenier Généalogique |
Verrières est une petite cité suisse qui doit son nom à une industrie qui fut autrefois prospère. C'est la première ville suisse située au delà du col de la Cluse sur la route reliant Pontarlier à Neuchâtel. Il y a plus de 130 ans, ses habitants furent les témoins d'un bien étrange et terrible défilé militaire... Nous sommes au début de l'année 1871, en pleine guerre franco-prussienne, celle que nous appelons "Guerre de 70" sans pour autant vraiment la connaître...
C'est alors qu'une autre armée allemande, menée par le général Edwin von Manteuffel (1809, Dresde - 1885, Carlsbad) et partie de Montargis, passe entre Langres et Dijon, atteint Dole et se dirige vers Besançon. Bourbaki est pris en tenaille... Il fuit alors vers la Suisse par une température de -20° C alors que ses soldats portent encore un simple pantalon de toile... Manteuffel se déplace rapidement et arrive à lui bloquer la route au Sud de Pontarlier. Afin d'éviter un massacre, Bourbaki se met en rapport avec le général Hans Herzog (1819, Aarau - 1894, Aarau), chef de l'armée suisse délégué par le Conseil Fédéral. Ce dernier signe immédiatement, devant l'urgence d'une situation désespérée, une Convention avec le général Justin Clinchant (1820, Thiaucourt - 1881, Paris). Grâce au sacrifice du Corps d'Armée du Général Billot (1828, Chaumeil - 1907, Paris) qui bloque les forces prussiennes au défilé de la Cluse-et-Mijoux, l'armée de Bourbaki passe en Suisse le 1er février 1871 où elle sera désarmée. Des volontaires défendront coûte que coûte le défilé de la Cluse afin de permettre à cette armée en déroute de franchir la frontière. Voici un témoignage de ces moments dramatiques cité par André Besson dans son livre "Mon Pays Comtois" (France Empire, 1980) : « Depuis quelques jours, à Montperreux, on logeait un bataillon à peu près valide. Leur chef, c'était un commandant tout jeune avec une petite moustache. Ce soir-là, il a réuni ses hommes sur la place et il leur a dit : " Voilà, les Prussiens sont à Pontarlier. L'armée va y rester tout entière s'ils passent la Cluse. Nous, on a encore nos fusils et quelques munitions. Vous entendez : s'ils passent la Cluse avant deux jours, c'est une boucherie. C'est deux jours qu'il faut tenir. Chacun est libre. Ceux qui veulent s'en aller peuvent partir. Je n'oblige personne. Les autres... ". Une dizaine d'hommes seulement ont quitté le cercle tête basse. Les autres n'ont rien dit. Ils sont allés chercher leurs fusils. Et ils sont descendus dans la direction de la Cluse. » L'arrière-garde fut massacrée mais sa résistance vraiment héroïque évita à l'armée de Bourbaki un massacre encore plus épouvantable. Près de 80 000 hommes arrivèrent, en effet, à traverser la frontière. Ce gigantesque "défilé" dura... deux jours et deux nuits sous la neige avec une température quasi-sibérienne...
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